On peut tous aider quelqu’un! 

Je suis dans la salle d’attente à l'hôpital, pour recevoir des prises de sang. 

Un homme de 74 ans entre, il attend lui aussi l’infirmière. Je le regarde, on s’échange un sourire, et je le sens insécure, déstabilisé, en perte de ses moyens. 

Il est à l’urgence depuis 10h. Quand l’infirmière entre, il lui explique qu’après avoir parlé au médecin, après avoir fait les tests et avoir reçu les résultats, il ne se souvient plus de rien. Il  lui demande donc s’il est possible de faire un appel facetime avec sa fille, qui est au Mexique. Sa fille est inquiète pour son père, elle veut en savoir plus, sachant que son père est seul ici à Québec.

Je suis témoin de la scène, je vois l’infirmière s'impatienter et faire comprendre à cet homme qu’elle n’a pas le temps, qu’elle a d’autres patients et qu’elle n'est même pas au courant de son dossier. Elle lui demande d’attendre quelques minutes. 

Pendant l’attente, il se retourne vers moi en disant : “Vous savez, c’est pas drôle de vieillir, j’ai des pertes de mémoires, je suis seul, mon corps ne suit plus…”  Ça me fait de la peine d’entendre ça, j’aimerais tellement l’aider…

L’infirmière revient et elle accepte de faire un appel facetime. L’homme bafouille, il tremble et on peut sentir la peur dans sa voix, dans ses yeux et dans son corps. L’homme appelle sa fille par facetime, l’infirmière prend le dossier et lui fait un résumé de la situation. Tout ça prend environ 5 minutes, mais je vois bien que l’homme se sent soulagé et rassuré. 

En regard extérieur, j’ai mal pour cet homme si impuissant, et je peux comprendre aussi que l’infirmière est dans le gros jus, occupée, elle en a plein les bras et elle fait de son mieux.

Une fois l’appel terminé, l’infirmière quitte la salle , l’homme range son téléphone, il met son manteau, avec ses mains tremblantes et me salue.. 

Spontanément, je lui ai dit: “ Excusez-moi!” Il se retourne vers moi. 

“ Est-ce que vous me permettez de vous montrer quelque chose?” 

Un peu surpris, il revient vers moi et je lui demande de sortir son cellulaire de sa poche. 

“Je ne sais pas si ça peut vous aider, mais vous voyez ici ce petit bouton?”... Et je lui explique comment utiliser son téléphone pour enregistrer une conversation importante, qu’il pourra écouter plus tard et même envoyer à sa fille.

Il ne connaissait pas le dictaphone, il est impressionné. Il m’envoie un regard d’amour, d’appréciation, me remercie, me souhaite bonne chance et il quitte la salle, souriant. 

Un technicien entre dans la salle, il est de bonne humeur, il me fait un méga sourire, me demande de m’allonger pour faire mon test, me complimente sur ma manucure et il me fait quelques blagues. On rit ensemble et je me suis dit : Wow, à quel point quelques mots gentils peuvent complètement changer le mood dans lequel on est. À quel point parfois on se sent si seul, mais au final, on est tous ensemble dans cette solitude. 

J’ai une pensée pour ce vieil homme, espérant que je lui ai fait un peu de bien, au même titre que le technicien m’avait fait du bien par de simples mots, et ça m’a apaisé… 

Ça ne prend pas grand chose… Un petit geste, un sourire, un regard doux, de la compassion, un peu d’écoute. Je pense que c’est ce à quoi on devrait continuellement s’accrocher. Se mettre à la place de l’autre durant un instant, c’est entrer dans son monde intérieur, laisser tomber les jugements et lui montrer qu’on l’entend, qu’on le voit, et lui dire par un sourire qu’il n’est pas seul. 

On a tous le pouvoir d’aider quelqu’un… En lui montrant qu’il n’est pas seul…

Vous n’êtes pas seuls! 

Je vous aime y’all 

xxo